La conservation de la diversité végétale est devenue, depuis les années 90, une priorité dans les politiques des institutions qui travaillent en lien avec le monde végétal. À toutes les échelles (internationale, nationales et régionales), nombres de traités, de conventions et de lois ont défini l'approche au maintien de cette diversité. La Convention sur la Diversité Végétale adoptée au sommet de Rio en 1992 en est un des points culminants.
Les Jardins Botaniques ont toujours eu une rôle très important pour la conservation de la diversité végétale. Même si historiquement les motivations qui les ont amené à se positionner en tant que « défenseurs » des plantes (et donc de la diversité) étaient bien différents de celles d'aujourd'hui. En effet, elles étaient plus utilitaristes (plantes médicinales, potagères, etc). Actuellement, les JB ont dû s'adapter aux nouvelles demandes de conservation de la diversité végétale car les réseaux scientifiques et les politiques publiques qui les soutiennent ont elles aussi ratifié les conventions internationales et en ont élaboré d'autres plus spécifiques à leur milieu de travail. Les démarches actuelles des JB sont axés sur : l'éducation et la sensibilisation du public à la diversité végétale, la recherche scientifique des problèmes liés à la diversité pour l'amélioration de l'efficacité de la conservation, et la conservation en soi des espèces les plus menacées.
Tous les secteurs qui constituent un JB ont leur part de responsabilité dans la mise en place de ces stratégies de sauvegarde. Les collections de plantes des serres, les collections en plein air ainsi que les collections de graines ont commencé aussi à s'adapter à ces trois axes.
C'est sur ce dernier secteur : les collections de graines de la banque de graines, que nous avons centré notre étude.
La banque de graines rassemble, par définition, les graines du jardin. Elle constitue en premier lieu une collection destinée à régénérer les collections de plantes du jardin.
Mais l'adaptation de la banque de graines aux nouveaux besoins pour le maintien de la diversité végétale passe par la conservation de certaines espèces exceptionnelles à différentes échelles et pas uniquement à la conservation de la diversité végétale du jardin. Dans ce sens, d'autres études ont déjà été réalisées dans le Jardin Botanique de Lyon : élaboration de listes des espèces menacées et protégées à niveau national et régional présentes dans les collections de plantes, culture in vitro de certaines de ces espèces, etc. Dans la présente étude nous décrirons, d'une part, la poursuite de quelques uns de ces travaux, comme la poursuite de l'élaboration de listes des espèces exceptionnelles présentes dans les collections de graines, le catalogue de récoltes annuelles où sont remarquées ces espèces, ... Contrairement à ce qui a été fait dans les travaux antérieurs, nous nous focaliserons sur les collections de graines et non sur les collections de plantes.
La poursuite de ces travaux plus ou moins ponctuelles nous a paru nécessaire pour s'approcher et mieux comprendre la banque de graines et ses missions de sauvegarde. Il nous a paru aussi essentiel d'intervenir plus profondément dans son fonctionnement général, en essayant de redéfinir une stratégie de conservation pour les espèces exceptionnelles.
Dans le cas de la banque de graines, qui a déjà plus de 40 ans d'expérience, cette stratégie de conservation devait s'appuyer sur les méthodologies de conservation déjà existantes, c'est pourquoi, nous avons cherché à mettre à jour les points faibles qui pouvaient mettre en danger la viabilité des graines de ces espèces pour les redéfinir. C'est ainsi qu'est apparue la nécessité d'analyser le fonctionnement général de la banque (partie I du travail) pour ensuite faire des propositions d'amélioration (partie III du travail).
En référence à d'autres travaux d'analyse similaires développés dans d'autres domaines (agriculture, industrie, architecture, etc), études qui sont connues sous l'appellation d'expertise, il nous a paru adéquate dans le cas de notre démarche d'analyse et de propositions, d'appeler cette étude : expertise. Bien que mes connaissances sur la gestion des banques de graines avant de commencer le travail étaient loin d'être celle d'un expert, l'observation attentive et quotidienne m'a amené au fil des jours à développer les capacités nécessaires pour que les différentes parties de l'étude ne s'écartent pas trop de la réalité observée. Il est possible aussi de me reprocher le manque de mon recul sur les spécificités de cette banque de graines pour pouvoir l'appeler cette étude expertise, mais le manque de bibliographie relative à la gestion des banques de graines dans les JB ne m'a pas permis d'aller plus loin dans les généralisations des propositions. C'est pour cela que la description profonde du fonctionnement de la banque de graines du JB de Lyon pourra très bien servir à d'autres banques. En vue de faciliter l'éventuelle comparaison de la banque, j'ai élaboré la partie II du travail (caractérisation standard). A partir de cette caractérisation standard, d'autres banques de graines pourront être expertisées plus simplement et rapidement.
Une expertise est aussi demandée par le réseau JBF aux JB adhérents pour le renouvellement de l'agrément tous les cinq ans. S'il on considère que le JB expertisé ne
respecte plus les conditions de la charte d'agrément il peut lui être demandé de quitter le réseau. Cette étude pouvait servir d'approche au moment de cette expertise et ainsi très bien simplifier le travail future de la banque de graines.
J'espère finalement que les idées qui apparaissent pendant les différentes parties pourront servir pour approfondir les connaissances dans la gestion de la banque de graines, et que les espèces exceptionnelles présentes dans les collections verront leur «santé » encore mieux conservée. Sans doute, la diversité végétale en sortira gagnante. |