Les recherches archéologiques actuelles se concentrent largement sur l’étude des identités, oubliant souvent celle des structures économiques et politiques sous-jacentes qui expliquent l’évolution socio-culturelle sur le long terme. En Afrique du Nord, cette orientation des études a conduit certains auteurs à s’interroger sur la validité de la carte paléoethnologique que suggèreraient les sources écrites, et même de considérer qu’il n’y a pas de peuples clairement différenciés du point de vue culturel. Dans cet article, nous remettons en question la base théorique et factuelle de ces points de vue. Nous revendiquons en effet l’existence réelle de groupes culturels mentionnés dans les sources anciennes, tout en reconnaissant leur diversité interne évidente et les multiples interactions qu’ils entretiennent et qui contribuent à leur évolution. La pluralité des opinions sur ces questions est due en grande partie à l’avarice des données disponibles sur les populations libyennes. En effet, des travaux récents sur Althiburos et ses environs immédiats ont mis en lumière les facteurs de continuité d’une communauté indigène tout au long du premier millénaire av. J.-C., et ont montré que, malgré l’adoption croissante d’éléments culturels caractéristiques du monde punique, les habitants de cette zone ont gardé une personnalité clairement différenciée, qui peut être qualifiée de «numide».

Current archaeological research is largely focused on the study of identities, often forgetting the study of the underlying economic and political structures that explain long-term sociocultural evolution. In North Africa, this orientation of studies has led some authors to question the validity of the paleoethnological map that can be deduced from the study of the written sources, and even to raise the possibility that, from a cultural point of view, there were no clearly differentiated peoples. In this paper we question the theoretical and factual basis of these views. We do indeed claim the real existence of the cultural groups mentioned in the ancient sources, while acknowledging their obvious internal diversity and the various interactions they maintained, which contributed to their evolution. The diversity of opinions on these issues is due in large part to the dramatic limitation of available data on the ancient Libyan populations. In this sense, recent work at Althiburos and its immediate surroundings has shed some light on the factors of continuity of an autochthonous community throughout the first millennium BCE, and has shown that, despite the growing incorporation of cultural elements typical of the Punic world, the inhabitants of this settlement maintained a clearly differentiated personality, which can be described as “Numidian”.